Prendre l'avion quatre fois dans sa vie pour réduire la pollution liée à sa mobilité. La proposition de Jean-Marc Jancovici, entendue en mai dernier au micro de France Inter, n'a pas manqué de faire réagir. Mais qu'en...
Je vais sûrement être biaisé, travaillant dans le domaine, mais je me demande vraiment comment on peut vouloir autant prendre ça comme une bonne idée quand on voit l’état actuel des transports en commun en France, et comment on ne peut pas plutôt vouloir développer des solutions aéro-nautiques pour réduire l’empreinte carbone de ces transports ? Le train, c’est top, mais ça permettra jamais d’aller dans des îles du pacifique ou à l’autre bout du monde dans un délais raisonnable. Et je pense surtout que si le sondage était posé dans un pays où la classe moyenne s’en sort bien mieux qu’en France et qui peuvent se payer des vacances / visites de familles lointaines, comme la Suisse ou la Suède, les résultats seraient affreusement différents.
Je pense qu’il est toujours plus simple de se dire « pour » pour ce genre de chose quand on peut de toute manière difficilement se permettre de prendre l’avion, et de partir en général en vacance en dehors du camping proche de son domicile, et qu’on a pas de la famille proche / conjoint(e) à l’étranger.
Développer des solutions bas carbone dans l'aéronautique, à la limite pourquoi pas, mais le secteur rejette déjà du CO2 aujourd'hui. L'hypothétique "avion vert" n'est pas un permis de polluer dans le présent, sous prétexte de la promesse d'un avenir meilleur. Donc en attendant, on devrait clouer la majeure partie des "avions gris" au sol.
Et la Suède a inventé flygskam, un terme pour désigner la honte de prendre l'avion en connaissant son impact délétère (bien ancré dans le présent encore une fois). Donc pas seulement une histoire de thunes, mais aussi de conscience.
Je pense qu’il est toujours plus simple de se dire « pour » pour ce genre de chose quand on peut de toute manière difficilement se permettre de prendre l’avion, et de partir en général en vacance en dehors du camping proche de son domicile, et qu’on a pas de la famille proche / conjoint(e) à l’étranger.
on ne peut pas plutôt vouloir développer des solutions aéro-nautiques pour réduire l’empreinte carbone de ces transports
La problématique à mon sens, c'est que physiquement, en l'état de notre compréhension actuelle de l'univers, il ne sera pas possible de réduire cette empreinte de manière acceptable tout en rendant l'aviation accessible à tous, donc ça restera un privilège des plus riches (ou deviendra un privilège des encore plus riches, qui pollueront bien plus que leur part en le prenant). Selon cet argument, pour réussir ce que tu mentionnes, il ne faudrait pas des optimisations d'inventions existantes et/ou de nouvelles inventions, mais aller à l'encontre des lois de la physique.
L'aspect égalitaire était d'ailleurs le point de Jancovici lorsqu'il a lancé cet argument : même aujourd'hui, l'avion reste quelque chose de disponible uniquement pour les personnes les plus riches de la planète (oui oui, la grande majorité des gens qu'on côtoie au quotidien font partie des personnes les plus riches de la planète*), et des milliards de gens n'ont jamais pris ET ne prendront jamais l'avion, ne serait ce qu'une fois dans leur vie. Avec 4 vols par vie par personne sur une flotte dont les émissions carbone et la consommation de carburant auraient été optimisées, cela permet à chacun d'en profiter un peu, tout en respectant les contraintes d'émissions de carbone, les lois de la physique et les capacités de production des hydrocarbures (qui sont son autre argument dans l'interview).
La moitié de l’humanité vit avec moins de 558 euros par adulte et par mois, souvent avec beaucoup moins. Les 10 % les plus riches gagnent plus de 3 100 euros, voire beaucoup plus. Source